Décrite pour la première fois en 1860, l’endométriose connaît depuis quelques années une exposition médiatique de plus en plus importante, des publications scientifiques aux pages des magazines people. Ce sont d’ailleurs ces nombreux témoignages de femmes, « stars » ou anonymes, qui ont permis de mettre en lumière et de médiatiser cette pathologie encore mal connue, qui touche pourtant une femme sur dix en âge de procréer. Et si la reconnaissance de cette pathologie passait par plus de formation sur l’endométriose, pour tous les professionnels de santé ?

Qu’est-ce que l’endométriose ?

Comme son nom l’indique, l’endométriose est une pathologie gynécologique aux origines globalement incomprises. Ses causes seraient multifactorielles, combinant prédispositions génétiques et facteurs environnementaux.

Selon la théorie la plus acceptée (dite du « Reflux menstruel », décrite en 1921 par John A. Sampson[1]), elle est caractérisée par la dissémination et la prolifération de cellules endométriales, normalement évacuée lors des règles en cas de non-fécondation de l’ovule, dans d’autres organes – principalement les organes génitaux et le péritoine, ainsi que les appareils urinaires et digestifs (dans de très rares cas, l’endométriose peut même toucher l’appareil pulmonaire, le cerveau ou le péricarde[2]).

Image illustration blog santé formation endométriose

Cette prolifération de tissu endométrial peut entraîner la formation de lésions, de kystes ovariens et/ou d’adhérences à l’origine d’intenses douleurs et d’infertilité chez les patientes.

Dans ses recommandations datées de Décembre 2017, l’HAS liste les principaux symptômes évocateurs et localisateurs de l’endométriose[3] :

– Les dysménorrhées intenses : évaluées par une intensité de 8 ou plus, un absentéisme fréquent, ou une résistance aux antalgiques de niveau 1 ;

– Les dyspareunies profondes ;

– Les douleurs à la défécation à recrudescence cataméniale ;

– Les signes fonctionnels urinaires à recrudescence cataméniale ;

– L’infertilité.

Suivi des patientes et formation sur l’endométriose

Si l’endométriose est aujourd’hui aussi présente dans l’actualité, c’est grâces aux nombreux témoignages de patientes, partagés dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Si les causes, les symptômes, les conséquences et les parcours diffèrent d’un récit à l’autre, la plupart de ces patientes se rejoignent sur l’errance médicale qui a été la leur avant de parvenir à la pose d’un diagnostic, les difficultés à trouver le traitement adapté et surtout le manque d’information de la part des médecins, généralistes ou spécialistes[4].

Ce dernier point est d’ailleurs au centre de l’attention de nombreuses associations, notamment EndoFrance, qui milite entre autre pour une meilleure formation des professionnels de santé sur cette pathologie.

Difficile en effet d’accompagner des patientes souffrant d’une maladie aussi peu comprise, mêmes par les spécialistes, sans avoir pu bénéficier d’une formation initiale adéquate. C’est seulement en 2020, par l’Arrêté du 2 septembre 2020, publié le 10 septembre 2020, portant modification de diverses dispositions relatives au régime des études en vue du premier et du deuxième cycle des études médicales et à l’organisation des épreuves classantes nationales[5], que le ministère de l’enseignement vient d’ajouter l’endométriose au chapitre « De la conception à la naissance, pathologie de la femme – Hérédité – L’enfant – L’adolescent ».

Il faudra donc encore plusieurs années avant que des professionnels de santé ayant bénéficié d’une formation initiale sur cette pathologie (hors médecins spécialistes en gynécologie) ne commencent à exercer et que la lutte contre l’endométriose ne puisse avancer.

Dans l’intervalle, c’est la formation continue des médecins en exercice qui pourra permettre d’améliorer la prise en charge des patientes.

Conscientes de cet enjeu et par arrêté ministériel[6], les autorités de santé publiques, par le biais de l’Agence nationale du DPC, ont souhaité renforcer le dispositif de formation autour de l’endométriose en l’incluant dans la liste des orientations prioritaires ayant « vocation à accompagner la politique nationale de santé ».

On retrouve ainsi l’endométriose à l’orientation 34 :

« Prise en charge des problématiques de santé de la femme : contraception, suivi de grossesse jusqu’au post-partum, endométriose, spécificité du risque cardiovasculaire, ménopause, troubles fonctionnels gynécologiques, interruption volontaire de grossesse (IVG) ; ».

Ressources

[1] « Attentes des femmes atteintes d’endométriose : Quelle information apporter ? RPC Endométriose CNGOF-HAS », A. Denouel, A. Fauconnier, A. Torre – Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie , Volume 46, Issue 3, March 2018, Pages 214-222

[2]« John A Sampson and the origins of Endometriosis », Adi E. Dasturc and P. D. Tank, J Obstet Gynaecol India. 2010 Aug; 60(4): 299–300.

[3] Journal of Gynecology Obstetrics and Human Reproduction, Volume 48, Issue 1, January 2019, Pages 71-73

[4] « Prise en charge de l’endométriose – Démarche diagnostique et traitement médical », Décembre 2017

[5] « Arrêté du 31 juillet 2019 définissant les orientations pluriannuelles prioritaires de développement professionnel continu pour les années 2020 à 2022 », JORF n°0177 du 1 août 2019, Texte n° 14 >

[6] JORF n°0221 du 10 septembre 2020, Texte n° 21

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